Dans un contexte de forte croissance de la demande énergétique dans la région de la Communauté Économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), l’amélioration de l’efficacité énergétique des équipements constitue un levier stratégique pour répondre aux enjeux environnementaux, économiques et sociaux. Conformément à son mandat, le Centre pour les Énergies Renouvelables et l’Efficacité Énergétique (CEREEAC) a lancé, avec un financement de l’Union Européenne et un appui technique de l’ONUDI, un projet structurant pour le développement de Normes Minimales de Performance Énergétique (NMPE) applicables à l’échelle régionale.
La région de la CEEAC a un taux moyen d'électrification de 47%, avec une variation importante entre les pays, allant de 11% à 93%. Selon la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques[1], l’électricité destinée à l’éclairage représente près de 15 % de la consommation mondiale d’électricité et 5 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre.

Source : AERE[2]
1. Un cadre stratégique pour l’harmonisation énergétique régionale
Les MEPS représentent un outil réglementaire essentiel permettant de fixer des seuils minimaux de performance pour les équipements électroménagers, industriels et tertiaires. Leur adoption vise à :
- Réduire la consommation énergétique globale ;
- Limiter les émissions de gaz à effet de serre ;
- Favoriser les marchés technologiques efficaces ;
- Protéger les consommateurs contre les équipements obsolètes ou énergivores.
Dans une région marquée par l’hétérogénéité des réglementations nationales, l’initiative du CEREEAC vise à poser les bases d’un cadre commun, cohérent et techniquement robuste, tout en respectant les spécificités et niveaux de développement des pays membres.
2. Une approche méthodologique inclusive et rigoureuse
Le projet repose sur une démarche participative fondée sur des données probantes, mobilisant les acteurs clés de la région : ministères de l’énergie, organismes de normalisation, institutions de recherche, opérateurs économiques et partenaires au développement.
La méthodologie adoptée comprend notamment :
- Un diagnostic régional des politiques existantes en matière de normalisation énergétique ;
- L’analyse des flux d’importation d’équipements pour identifier les catégories prioritaires ;
- Une revue des normes internationales et africaines existantes (AFREC, ARSO, agences de coopération) ;
- Des consultations techniques multi-acteurs pour garantir l’appropriation locale des futures normes.
3. Un dialogue régional renforcé par un webinaire de haut niveau
Dans le cadre de ce processus, un webinaire a été organisé le 28 août 2025 sous la supervision du CEREEAC et de l’ONUDI, avec l’appui technique d’AERE (Alternatives pour l’Énergie, les Énergies Renouvelables et l’Environnement), reconnue pour son expertise en matière de transition énergétique et de durabilité environnementale, et le soutien financier de l’Union européenne. Cette rencontre a permis de faire découvrir à un large public en quoi les Normes Minimales de Performance Énergétique (NMPE) sont un véritable levier de transformation pour l’Afrique centrale.

Les interventions ont montré que l’adoption et l’harmonisation de ces normes dépassent la simple dimension technique. Elles représentent un instrument concret pour réduire la consommation énergétique, alléger les factures des ménages, accroître la compétitivité économique et soutenir les engagements climatiques des États. Comme l’a souligné le représentant de la CEEAC, l’enjeu central demeure de traduire ces normes en résultats tangibles pour les populations et pour les systèmes énergétiques de la région.
Le Chef de la coopération à la Délégation de l’Union européenne en République du Congo, a présenté un aperçu des actions menées par l’Union européenne, notamment à travers sa stratégie Global Gateway. Celle-ci vise à bâtir des partenariats solides, à mobiliser et stimuler les investissements pour créer des emplois et favoriser une croissance économique verte et inclusive.
Par ailleurs, l’expérience réussie du projet EELA en Afrique de l’Est et australe a été mise en avant comme une source d’inspiration précieuse pour l’Afrique centrale.
La richesse des échanges et la qualité des questions soulevées par les participants ont confirmé l’importance stratégique de ce chantier, ainsi que l’ampleur du travail collectif qui reste à mener pour atteindre les objectifs communs. Le message est clair : nos actions régionales s’inscrivent dans une dynamique mondiale et, ensemble, nous avons la capacité de construire une Afrique centrale plus sobre, plus durable et plus résiliente.
4. Une dynamique régionale au service des objectifs climatiques et énergétiques
Le développement des NMPE s’inscrit dans les engagements des États membres :
- Les Contributions Déterminées au niveau National (CDN) ;
- Les Objectifs de Développement Durable (ODD), notamment l’ODD 7 sur l’accès à une énergie propre et abordable ;
- Les feuilles de route nationales pour l’efficacité énergétique.
Ce processus contribue également à :
- Renforcer les capacités institutionnelles ;
- Améliorer la qualité des équipements sur les marchés locaux ;
- Stimuler le transfert technologique dans la région.

Source : U4E, AFREC, Évaluation régionale des économies pour la région d’Afrique centrale, 2024
L’introduction de normes minimales de performance énergétique, accompagnée d’un cadre de conformité rigoureux, ouvre la voie à d’importantes économies financières en réduisant la consommation d’énergie. Ces instruments optimisent l’efficacité énergétique, atténuent la demande et les pics de charge, réduisent les factures d’électricité, et limitent les émissions de gaz à effet de serre.
Le rapport 2024 du Programme des Nations Unies pour l’environnement souligne les progrès réalisés dans la région de la CEEAC grâce à l’amélioration de la performance énergétique des équipements. Il met également en avant la nécessité d’actions complémentaires : étiquetage des produits, contrôle du marché, incitations financières, etc., pour assurer une transformation durable et systémique du marché.
5. Prochaines étapes
La phase actuelle du projet, en cours de finalisation, permettra de proposer un ensemble de recommandations politiques et techniques en vue de leur validation politique et technique via un processus de concertation régionale.
Le CEREEAC, avec l’appui de ses partenaires, poursuivra ses efforts pour :
- Accompagner les États dans la mise en œuvre des normes adoptées ;
- Organiser des activités de renforcement des capacités ;
- Déployer des mécanismes de suivi ;
- Lancer des campagnes de sensibilisation.
6. Conclusion
Le développement régional des NMPE représente une avancée significative pour la région de l’Afrique centrale, et pour toute l’Afrique. En consolidant un cadre harmonisé adapté aux réalités locales, le CEREEAC, qui fait partie du Global Network of Regional Sustainable Energy Centers (GN-SEC), réaffirme son rôle de catalyseur de la transition énergétique dans la région. Le GN-SEC est devenu un moteur pour l’harmonisation du marché continental de l’électricité dans le cadre de l’Union africaine et a déjà contribué à l’adoption de normes minimales de performance énergétique (NMPE) dans d’autres régions africaines, telles que la SADC, la CEDEAO et la CAE. Il s’agit non seulement de rationaliser la consommation d’énergie, mais aussi de poser les jalons d’un développement économique plus durable, inclusif et résilient.
Pour revoir le webinaire: https://youtu.be/PbPdqhRnuk0?si=4YGpC2-raCHy7KPH
Auteur : Mme Georgette FUMTCHUM TAMKO et Équipe du CEREEAC
Date : Septembre 2025
Contact : g.fumtchum@unido.org
Plus d’informations : www.cereeac.org
[1] https://unfccc.int/climate-action/momentum-for-change/activity-database/momentum-for-change-enlighten-initiative - Décembre 2024
[2] Selon les données de la Banque mondiale, nom de l’indicateur : taux d’accès à l’électricité (% de population) – Version 19/09/2024